La littérature, à quel(s) prix ?

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Conférence de Sylvie Ducas : Sylvie Ducas est maître de conférences en littérature française à l’université Paris Nanterre, où elle a longtemps dirigé un master Métiers du livre. Elle est également responsable du groupe de recherche « Livre : création, culture et société », associé au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines de l’université de Versailles Saint-Quentin. En 2013, Sylvie Ducas a publié La littérature à quel(s) prix ? (La Découverte), une enquête sur les prix littéraires et leur influence sur la création littéraire française et le statut de l’écrivain et elle en prépare une suite. Elle travaille actuellement sur la prescription culturelle et ses médiamorphoses, sur les résidences d’écriture et la précarisation de l’écrivain contemporain.
Avec les prix littéraires, ce sont des reconfigurations majeures du monde littéraire qui se donnent à lire : le déclin de la fonction sociale et de l’autorité symbolique de l’écrivain ; le déclin du livre comme objet sacralisé ; les mutations des pratiques culturelles et le déclin de la lecture ; la reconfiguration de l’expertise littéraire à l’ère des industries culturelles et du numérique ; les figurations nouvelles du littéraire ; la professionnalisation de l’écrivain. Pour comprendre les métamorphoses de la figure de l’écrivain il faut penser le collectif des réseaux qui agissent sur l’écrivain : réseaux de sociabilité littéraire et de consécration ; réseaux médiatiques et critiques qui font et défont les réputations ; réseaux éditoriaux dont les enjeux échappent pour partie à l’auteur ; perpétuation de la valeur littéraire que les réseaux de prix favorisent entre prescription et consommation littéraires ; professionnalisation et reconfiguration du rôle social de l’écrivain qui découlent de ces réseaux d’appartenance. De l’homme de lettres d’hier à « l’écrivain minuscule » d’aujourd’hui, ce sont bien les effets à la fois structurants et paradoxaux des prix littéraires que l’on cherchera à pointer. Structurants : les prix régulent un marché et une offre, contrôlent et font perdurer une certaine idée de la littérature en l’ouvrant au plus grand nombre, proposent une définition normée de la lecture et du goût. Paradoxaux : les prix rassurent l’écrivain sur son sentiment d’appartenance à une commune condition littéraire, mais le fragilisent comme figure unique et singulière ; ils obéissent à un protocole réglé dont l’écrivain ne décide pas des règles, mais il y participe librement selon des relations de proximité et des affinités spontanées ; ils mettent en lumière mais n’aident pas à durer. Quid, dès lors, de la création littéraire dans un tel dispositif  de consécration ?      
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